29‏/04‏/2012

Sur l’Université








Jacques Derrida


« Cette université sans condition n'existe pas, en fait, nous le savons trop. Mais en principe et conformément à sa vocation déclarée, en vertu de son essence professée, elle devrait rester un ultime lieu de résistance critique - et plus que critique – à tous les pouvoirs d'appropriation dogmatiques et injustes. Quand je dis « plus que critique », je sous-entends « déconstructive » (pourquoi ne pas le dire directement et sans perdre de temps ?). J'en appelle au droit à la déconstruction comme droit inconditionnel de poser des questions critiques non seulement à l'histoire du concept d'homme, mais à l'histoire même de la notion de critique, à la forme et à l'autorité de la question, à la forme interrogative de la pensée. Car cela implique le droit de le faire affirmativement et performativement, c'est-à-dire en produisant des événements, par exemple en écrivant, et en donnant lieu (ce qui jusqu'ici ne relevait pas des Humanités classiques ou modernes) à des œuvres singulières. Il s'agirait, par l'événement de pensée que constitueraient de telles œuvres, de faire arriver, sans nécessairement le trahir, quelque chose à ce concept de vérité ou d'humanité qui forme la charte et la profession de foi de toute université. ».

Jacques Derrida. Université sans conditions. Paris. Galilée 2001, p. 14- 15.

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